Sprechen Sie deutsch ?
Lors de la Journée syndicale du 3 novembre dernier, une présentation du projet PRIMA a suscité des questions, de l’exaspération et des frustrations. Quelques éclaircissements sur la situation actuelle et la position du syndicat dans la gestion du projet nous semblent nécessaire.
Coup de tonnerre à la journée syndicale! Si la présentation PRIMA par notre vice-présidente a démontré que le «PRojet d’enseignement par IMmersion en Allemand» est fantastique, sa mise en place suscite la colère au sein des enseignant·es qui la vivent comme une contrainte et une certaine forme de chantage.
Le canton souhaite introduire une filière PRIMA par centre scolaire d’ici 2038. On «laisse» alors le choix aux enseignant·es en place: ils·elles se forment pour pouvoir enseigner dans ces classes ou ils·elles s’en vont travailler ailleurs. Simple? Pas tant que ça…
Filière unique à Neuchâtel: quelles conséquences?
Le projet a été introduit en 2011 dans plusieurs centres scolaires. À Neuchâtel, on a choisi la prudence en ne partant qu’avec une seule filière au lieu de trois. Le projet PRIMA a alors occasionné des timides débats (au début), notamment sur le choix des élèves qui pourraient en bénéficier. Allait-il créer une élite, des jalousies? À l’époque, on répondait aux sceptiques que le tirage au sort — effectué parmi des élèves NON bilingues — permettait d’assurer l’égalité des chances pour tous et toutes. Quelques années plus tard, on ne peut plus croire au hasard, en n’ayant que deux filières bilingues sur trois: les classes «normales» sont chargées d’élèves souvent en grandes difficultés, alors que les classes PRIMA regorgent d’élèves qui n’ont pas besoin de soutien scolaire, ni de réseaux fréquents pour ajuster la différenciation ou les mesures BEP1. À la charge mentale d’une classe en difficulté s’ajoute encore parfois la frustration de ne pas avoir les compétences requises (être bilingue) pour pouvoir enseigner dans une classe PRIMA. On se sent moins que rien, incapable.
Un vrai choix?
Aujourd’hui encore, les enseignant·es ont ce «choix»: entrer dans le projet par une formation lourde au niveau familial et personnel, ou aller travailler ailleurs. On ne nous force pas, mais ça y ressemble.
On préfère également mettre de côté des personnes qui connaissent parfaitement leur collège et s’y impliquent, au profit de jeunes diplômé·es bilingues, qui doivent tant cravacher pour faire aboutir ce grand projet qu’ils·elles ne parviennent plus à s’investir ailleurs. Les directions sont empêtrées, enserrées entre les exigences du canton et celles — bien différentes — du terrain. Et cela fait forcément des dégâts.
Position du syndicat
Le SAEN ne remet absolument pas en question ce projet-phare et ambitieux. Mais il ne peut pas accepter qu’on dédaigne ou qu’on néglige celles et ceux qui souhaiteraient en faire partie: on les met de côté parce qu’elles·ils n’ont pas les capacités linguistiques d’y entrer. Toutes ces personnes qui attendent la peur au ventre de se faire déplacer… Toute cette force vive qui soudain ne compte plus…
Il est peut-être temps de marquer ein Stopp, et de réévaluer die Lage, de chercher andere Mittel pour intégrer les enseignant·es non bilingues. Peut-être faudrait-il exploiter une Lehrerteam pour densifier la complémentarité indispensable für den Erfolg du projet et embarquer tout le monde im gleichen Boot, au lieu de laisser du monde au bord des Wegs.
Sind Sie bereit?
Myriam Facchinetti
décembre 2021