Der Frosch und der Ochse1
Ce printemps, le SEO a mis en consultation un projet de rapport2 sur le Concept cantonal des langues. C’est un excellent exemple.
En 2011, à mi-mandat, Philippe Gnaegi avait mis en place une expérience pilote d’enseignement précoce de l’allemand par immersion au cycle 1. Des classes PRIMA ont ainsi vu le jour dans 12 établissements de 6 centres de 3 cercles (vous suivez ?). Évidemment, la garantie était donnée d’assurer des filières allant de la 1re à la 6e année.
L’expérience devait durer deux ans, jusqu’à l’été 2013, mais elle a été prolongée dans le temps et étendue. Au début de cette année scolaire, 600 élèves suivaient un enseignement partiellement bilingue dans 34 classes des divers degrés.
Le projet a bien sûr évolué au fil du temps. Parallèlement à la réalisation pratique sur le terrain, l’expérience pilote a exigé un important travail au SEO. Cela a permis la publication du rapport cité plus haut.
Selon ce document, « en tant que canton officiellement monolingue, Neuchâtel a aujourd’hui l’opportunité d’innover […] en proposant une offre d’enseignement bilingue par immersion précoce dès le début de la scolarité obligatoire, ceci pour tous les élèves dont les parents en font la demande, et en généralisant les échanges linguistiques, dès le début du cycle 2.
Des investissements de départ sont nécessaires pour apporter à long terme, une plus-value certaine à nos citoyennes et citoyens, ainsi qu’à nos entreprises, tout en augmentant les rentrées fiscales et en diminuant le taux de chômage. De plus, notre canton pourra se profiler comme canton pionnier en matière d’enseignement des langues. » On n’y précise pas si la responsable de projet servira le café à la récréation…
Et les Athéniens s’atteignirent…
On reconnaîtra au moins le mérite au rapport de mentionner des coûts supplémentaires : des investissements de départ. Malheureusement, il apparaît que ces moyens peinent à arriver dans les classes, comme on peut le découvrir au travers des questions soumises lors de la consultation.
On recherche ainsi des enseignants bilingues, expérimentés, prêts à collaborer entre eux (donc à consacrer de nombreuses heures en colloques divers), à créer et adapter du matériel pédagogique, à qui on offrira une formation linguistique en établissement, ainsi qu’un accompagnement (une formation) de la HEP également dispensé aux collègues intervenant dans la classe, mais pas en allemand. Cela pourrait cependant être accompagné d’une période de décharge par mois (!)…
Comme on ne fait pas d’omelette sans casser des œufs, il y a aussi inévitablement certains écueils. Ainsi, ces enseignants émérites n’auront aucun privilège salarial, leur motivation et le plaisir de participer à une telle expérience étant déjà une récompense3. Cerise sur le gâteau, les classes devront avoir des effectifs assez étoffés pour éviter des difficultés organisationnelles en cas de départs d’élèves au fil de l’année.
Mais au DEF, on est très confiant. Et puis, ce sont les directions qui sont chargées d’anticiper les besoins en enseignants bilingues…
C’est sûr qu’avec les conditions-cadres offertes aux enseignants neuchâtelois, ça va faire un appel d’air dans les autres cantons !