Il lui a fallu le plus clair de sa séance. Mais il mettait fin à des années de discussions, d’études, de votes, de débats, d’affrontements et finalement de concessions et de compromis. La commission qui s’est attelée au travail de défrichage de cette vaste broussaille a ainsi eu l’occasion de battre le record absolu d’assiduité en tenant pas moins de 29 séances pendant trois ans, palmarès inégalé dans les annales de la République!
Le plus étonnant est peut-être que ce puzzle finit par constituer, au bout du compte, un tout sinon homogène dans la forme (plusieurs textes de lois régiront l’école obligatoire au lieu d’un seul), du moins cohérent sur le fond. A peu de chose près, cet assemblage est similaire au projet original. Preuve que la technique du découpage en tranches d’un morceau trop difficile à «avaler» d’un coup est profitable. En prenant un par un les points les plus litigieux, on n’a certes pas satisfait tout le monde sur tout, mais on a réuni des majorités pour chacun!
Une nouvelle définition des autorités scolaires, plus précise et tenant compte, par exemple, des centres scolaires intercommunaux. Une nouvelle conception de l’orientation scolaire, repoussant en sixième année le choix des diverses sections de l’école secondaire et faisant de la cinquième une «année d’orientation», avec options d’essai, tronc commun du degré secondaire. Une officialisation des jardins d’enfants, restant facultatifs mais désormais organisés sur les modèles de l’école obligatoire, c’est-à-dire disponible partout, gratuits, financés et contrôlés moitié par l’Etat moitié par les communes. La constitution d’un Conseil scolaire, organe consultatif cantonal. Telles sont les principales innovations de cette nouvelle législation dont le dernier volet posé hier, concernant l’organisation générale de l’école n’était que le couronnement logique.
Fini, l’école, donc, pour le Grand Conseil. Bon travail dans l’ensemble. Mais à titre très provisoire. On ne referme jamais longtemps ce dossier essentiel, évolutif par définition…
Michel-H. KREBS
Source : L’Impartial, 29 mars 1984