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La filière se présente donc de la façon suivante: Tout le monde suivra l’école primaire jusqu’à la cinquième année incluse. Au terme de cette classe, une épreuve d’orientation aura lieu, dont les résultats permettront de conseiller les parents. Épreuve assez sévère qui indiquera quels élèves sont aptes aux études classiques ou scientifiques. Ceux-là entreront alors soit au collège latin (section classique), soit dans la section scientifique. Les autres feront leur sixième année primaire.
Après cette sixième, seconde épreuve d’orientation: les uns continueront l’école primaire, dont les dernières années seront probablement appelées «école préprofessionnelle». Les autres entreront dans une troisième section du collège, dite «section moderne», dont la durée sera de trois ans (les sections classique et scientifique durent quatre ans).
Cette section moderne donnera un enseignement plus pratique que l’école secondaire actuelle, afin de mieux préparer les élèves aux carrières commerciales, artisanales ou industrielles. Il s’alliera à de bonnes connaissances générales et à l’enseignement de deux langues vivantes: allemand, anglais ou italien.
Dans les petites localités, les collèges n’auront guère que la section moderne, éventuellement la section scientifique. Afin de ne pas enlever toute possibilité aux élèves des «campagnes» d’accéder aux études gymnasiales, on a prévu une «classe de raccordement» de six mois, au terme de la section moderne. Elle permettra à des élèves doués de se raviser, et d’obliquer «in extremis» vers le gymnase scientifique ou pédagogique. Ainsi, tel élève qui se sera d’abord cru appelé à une carrière commerciale, au terme de son collège moderne, pourra encore changer d’avis et se préparer par exemple à l’enseignement.
Quant aux épreuves d’orientation professionnelle, elles sont prévues à la fin du collège moderne, et devront être organisées par les offices spécialisés.
Ces changements impliquent évidemment des transformations de structure et de programme pour l’école primaire. Cela n’est pas allé sans difficultés, mais la commission compétente s’est maintenant ralliée au programme envisagé. Ce faisant, on remédiera du même coup à un inconvénient dont on se plaint depuis longtemps à chaque degré: le manque de «suite» dans les programmes. Chaque école a vécu un peu trop pour elle-même, rendant le passage difficile d’un degré à l’autre.
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Il reste maintenant aux commissions consultatives rattachées au département de l’instruction publique à ratifier ce projet. Après quoi trois sous-commissions déjà désignées se répartiront les modalités d’application et étudieront dans le détail: 1. les programmes; 2. les conditions d’admission, de promotion et de raccordement; 3. la délivrance d’un titre de maître secondaire du degré inférieur pour l’enseignement dans la section moderne.
Les règlements d’application proprement dits, s’inspirant de ces travaux, seront l’apanage d’un juriste. Quand ils seront au point, le département de l’instruction publique pourra présenter un projet de loi au Grand Conseil. Il espère pouvoir le faire en 1960 au plus tard. Une nouvelle loi sur l’enseignement primaire sera présentée en même temps.
Entretemps, le département mettra sur pied une loi sur le statut du personnel enseignant — ce statut découlant actuellement d’un grand nombre de lois particulières.
C.-P. B.
(Réd. — Nous aurons l’occasion de revenir sur ce projet qui appelle certains commentaires. La question de la réforme de l’enseignement secondaire dans notre canton est en effet de celles qui ne doivent laisser aucun Neuchâtelois indifférent et toutes ses répercussions possibles sont à examiner.)
Source : Feuille d’Avis de Neuchâtel, 20 août 1958