, Myriam Facchinetti

La violence dans tous ses états

La violence à l’école sera le thème de notre après-midi pédagogique lors de la journée syndicale du 1er novembre prochain.

Les événements mis en lumière dans l’Educateur d’avril dernier par le secrétaire général du SEJ Rémy Meury, ainsi que les témoignages des enseignant-es jurassien-nes ont ouvert le débat en terre neuchâteloise, au sein de notre comité. Il a ainsi été décidé que la violence à l’école serait le thème de notre après-midi pédagogique lors de la journée syndicale du 1er novembre prochain.

Le Jura n’est pas seul dans la galère. L’inquiétude face aux actes de violence grandit également dans les rangs neuchâtelois, car ils sont l’œuvre de bourreaux très divers et se cachent parfois derrière des formes insidieuses et très différentes les unes des autres, difficiles à anticiper et à freiner.

La violence, ce n’est plus « simplement » un-e enfant-e qui en tape un-e autre dans la cour à la récréation, ou un-e élève qui agresse verbalement un-e enseignant-e. La violence, c’est ce parent qui harcèle l’enseignant-e, qui se permet de juger ses (in)compétences à enseigner. La violence, c’est cette direction qui minimise la détresse de ses collaborateurs-trices face à des actes inacceptables. La violence, c’est celui ou celle qui monte ses collègues les uns contre les autres. La violence, c’est ce-tte enseignant-e qui arrive au bout de ses forces et ravale sa colère pour ne pas disjoncter au sein de sa classe.

L’école : ce royaume à la fois fabuleux et féérique, là où tout semble possible et où il est malheureusement impossible de tout contrôler… L’école : cet endroit connu de tous-tes et que chacun-e se permet de juger, critiquer puisque nous y avons tous-tes usé nos fonds de culotte… L’école : là où la situation semble aujourd’hui nous échapper et où la solution miracle ne parvient pas encore à être trouvée.

Mettre tout le monde à l’abri

Il faut se rendre à l’évidence : face à des élèves violent-es, l’aide devient de plus en plus difficile à apporter. Les ressources humaines et financières manquent, encore, toujours.

Elle est pourtant indispensable et on salue les stratégies qui se développent aujourd’hui : classes-relais, classes de remédiation, des organes qui peuvent temporairement mais urgemment de mettre à l’abri les camarades et les enseignant-es de ces élèves en décrochage social et comportemental.

Il s’agit ensuite de comprendre les mécanismes qui peuvent pousser ces enfants ou adolescents à des actes inacceptables. Puis il faut soigner, endiguer, prévenir, pour que la violence n’ait plus sa place.

Face à l’autorité

Un phénomène assez nouveau également, c’est celui de la part de violence des parents dans le processus scolaire. Fini le temps où le respect de l’école faisait foi... Nous voici parvenu-es à l’ère de la contestation, de la remise en cause du système scolaire à tous les niveaux : on critique le programme, les planifications, les sorties, les devoirs, l’évaluation, les décisions, les punitions…

L’autorité de l’école est remise en question par les parents, bien souvent devant leur progéniture, ce qui n’encourage pas la sérénité des petites têtes blondes, dont le cœur balance, évidemment, en porte-à-faux avec ce qu’elles pensent et ce que leurs parents pensent.

Sans un minimum de soutien au niveau parental, il devient extrêmement laborieux de se sentir légitime dans sa classe et à moins d’un appui solide et infaillible de la part des directions, la situation peut rapidement devenir ingérable.

S’infliger de la violence

Sans vouloir chercher d’éventuel-les coupables, il arrive aussi que la violence s’installe au cœur-même des enseignant-es. Cette forme de violence est particulièrement vicieuse : vouloir légitimement « enseigner » plutôt qu’« éduquer » peut amener l’enseignant-e à d’abord se faire violence à lui ou elle-même, puis à retourner involontairement cette violence contre ses élèves. L’enseignant-e se sent de plus en plus mal dans sa classe, iel se « détruit » petit à petit, est irritable avec ses élèves, ne laisse plus rien passer, et devient lui ou elle aussi parfois violent-e verbalement.

Difficile de gérer les émotions qui nous envahissent et parfois nous submergent.

Vous constaterez que les débats qui nous seront offerts au mois de novembre promettent d’être denses et émotionnels. Nous vous y attendons nombreux-ses, afin de comprendre encore mieux un phénomène qui nous touche tous et toutes.