, Brigitte Hofmann

Aux armes, citoyennes!

Le 14 juin 2023, le comité de la grève féministe prévoit une nouvelle grande manifestation à l’instar de celle de 2019. Les enseignant·es sont bien évidemment solidaires de ces revendications,

En date du 14 juin 2023, le comité de la grève féministe prévoit une nouvelle grande manifestation à l’instar de celle de 2019. Les enseignant·es sont bien évidemment solidaires de ces revendications, bien que, de prime abord, peu concerné·es puisque notre système salarial exclut toute influence du genre de l’employé·e. Mais pour autant, l’enseignement est-il exempt de toute empreinte d’un système où l’homme occupe une position prédominante?

Le système salarial des enseignant·es du canton de Neuchâtel tient actuellement compte de la formation et du nombre d’années d’enseignement. A première vue, il n’y a donc rien à revendiquer pour nous autres enseignantes. Notre échelle salariale est égalitaire (du moins du point de vue de l’égalité des sexes 1 ). Mais si on regarde de plus près, on constate que les classes les moins bien payées correspondent à des fonctions majoritairement occupées par des femmes et que, plus on monte dans l’échelle, plus on y trouve des hommes. Vous me direz que personne n’empêche les femmes de se lancer dans une carrière de prof de lycée et qu’on n’empêche pas les hommes d’enseigner dans les premiers degrés.

Même constat dans les directions de l’enseignement obligatoire: seuls deux des 17 postes de direction sont occupés par des femmes et au niveau des sous-directions, on dénombre 17 femmes pour 45 postes dont une seule au «prestigieux» cycle 3. Pourtant, tout porte à croire qu’il ne s’agit pas de discrimination volontaire. Les femmes, tout simplement, sont moins nombreuses à postuler.

Il existe donc bel et bien des inégalités dans l’enseignement, mais ce n’est pas le système qui les induit. Les femmes seraient-elles donc moins compétentes? Bien évidemment que non! La raison est donc à chercher du côté de notre société. Malgré les progrès accomplis, malgré l’investissement des hommes dans les tâches éducatives et ménagères, dans la majorité des couples, il incombe aux femmes d’assurer le bon fonctionnement de la famille.

Fort nombreuses sont donc celles qui mettent de côté des ambitions professionnelles qui pourraient prétériter leur vie de famille.

Donc oui, les enseignantes de ce canton doivent se sentir concernées par la grève féministe. Le SAEN demande une meilleure reconnaissance du rôle primordial de la prise en charge de nos élèves les plus jeunes.

Nous soutenons également une société dans laquelle papa et maman occupent la même place, permettant aux deux de s’épanouir autant professionnellement qu’au sein de leur famille. L’école neuchâteloise doit donc aussi trouver des moyens pour permettre aux femmes d’accéder plus aisément à des postes à responsabilité.

Nous vous attendons donc nombreuses le 14 juin 2023!

 1  La grille salariale est actuellement en révision pour pallier certaines incohérences.