ChatGPT : outil révolutionnaire ou nouveau boulet ?

C’est LE buzz actuel: l’application ChatGPT¹ fait débat dans le milieu enseignant. Faut-il en avoir peur ou au contraire l’appréhender avec un œil curieux et confiant?

On en parle partout, même les deux Vincent de l’émission 52 minutes sur la RTS en ont fait leur première chronique du mois de février²… Mais quelle est donc cette nouveauté? ChatGPT est un langage d’intelligence artificielle qui a été construit sur des milliards de phrases. Il est capable de générer du texte en utilisant les informations qu’il a apprises et peut être utilisé pour fournir des réponses en temps réel à des questions sur des sujets spécifiques. Pour simplifier un peu, vous posez une question ou une mission à la machine et elle y répond de manière plutôt étoffée.

Tricherie?

Évidemment, on peut immédiatement s’inquiéter, quand on est enseignant·e. Vous demandez à vos élèves de fournir un travail de recherche pour un exposé ou une rédaction. Connaissant l’aptitude de la jeunesse actuelle à examiner et utiliser toutes les tactiques possibles pour fournir le moindre effort, il y a fort à parier qu’elle saura manier du clavier pour demander à ChatGPT de faire le travail à sa place.

Et comme l’application fournit des textes assez convaincants pour qu’il soit difficile de les distinguer de ceux d’un humain, la traque de tricherie ou de plagiat s’avère pratiquement impossible. Certaines écoles aux États-Unis en ont d’ailleurs interdit l’utilisation sur leurs appareils. Des solutions informatiques se déploient également pour détecter du contenu produit par l’intelligence artificielle et même l’entreprise à l’origine de ChatGPT développe une méthode de marquage pour pouvoir identifier les textes obtenus.

Pourra-t-on vraiment prouver la tromperie? Bien malin celui qui peut l’affirmer aujourd’hui…

S’adapter à la nouveauté

Certaines personnes, plutôt que de peindre le diable sur la muraille, prennent le parti de saisir l’outil et de s’y adapter. Martin Grandjean, enseignant et chercheur à l’Université de Lausanne et à l’EPFL, le décrit comme tel: «Cet outil a quelque chose de stimulant, parce qu’il me pousse à interroger ma manière d’enseigner. Si un élève peut utiliser ChatGPT pour satisfaire aux exigences de mes examens, cela signifie que j’ai surtout sollicité sa capacité à être une machine plutôt qu’un être humain.»³ Il n’est pas nouveau d’utiliser la machine informatique pour s’informer: les divers moteurs de recherche et Wikipédia par exemple font partie des réflexes de tout un chacun quand il s’agit de se documenter. ChatGPT fait partie de ces outils, qui ne peuvent (heureusement) pas remplacer l’esprit critique, la prise de position, ni les choix éthiques de celles et ceux qui les utilisent.

Pour enseigner et évaluer

Il faut peut-être aussi se positionner d’un autre angle, et voir en ChatGPT un nouveau moyen d’aide à l’enseignement, un système efficace à intégrer dans sa pédagogie pour tirer le meilleur parti de ses capacités.

Dans le Guide l’enseignant – Usage de ChatGPT: ce qui marche le mieux⁴, plusieurs exemples d’utilisation en classe sont proposés, que ce soit pour l’enseignement ou pour l’évaluation des élèves. Plus vous serez précis·es dans votre demande, plus l’outil surpuissant sera capable de vous fournir des exemples riches, des pistes sur la tâche que vous souhaitez effectuer.

Essayez-le ! Vous allez probablement être bluffé·es !

Quel que soit notre positionnement face à cet outil, nous ne pouvons l’ignorer. À nous de lui redonner sa capacité essentielle: la synthèse d’une quantité phénoménale d’informations que l’être humain seul ne parviendra jamais à faire en un temps si court.

Utilisons cette potentialité pour nous concentrer sur la créativité et le choix des possibilités offertes.

Une partie de cet article a été rédigée avec l’aide de ChatGPT: saurez-vous deviner laquelle?