, Pierre-Alain Porret

EDASCOL fera-t-il chavirer l'évaluation ?

Depuis deux ans déjà, une vaste réflexion a démarré dans notre école neuchâteloise à propos de l'évaluation des élèves. Un sentiment de déstabilisation apparait... qui été transmis aux responsables de cette formation.

Depuis deux ans déjà, une vaste réflexion a démarré dans notre école neuchâteloise à propos de l'évaluation des élèves. Ce "remue-méninges", qui touche toute l'école obligatoire, a provoqué de nombreuses réactions, parfois enthousiastes, souvent interrogatives, dubitatives, voire carrément hostiles. Ce sentiment de déstabilisation a été transmis aux responsables de cette formation, qui en ont pris acte. Mais le temps arrive maintenant de penser à la suite...

 En effet, après avoir passé de nombreuses heures à réfléchir sur l'évaluation et ses divers aspects, la question se pose avec toujours plus d'insistance, voire même d'impatience. Il y a un besoin de concrétisation, d'avancer vers un but, d'entrer dans la réalité de notre travail d'enseignant·es.

Petit rappel. Depuis plus de 50 ans, la CIIP, en collaboration avec le SER, a peu à peu mis sur pied un Plan d'Études romand, avec les moyens d'enseignement appropriés pour les différents domaines concernés. Les attentes fondamentales, les visées prioritaires, les objectifs à atteindre y sont définis de manière compréhensible. Ceci est la base de notre travail pédagogique et n'est, heureusement, pas contesté à l'heure actuelle en Suisse romande.

Chaque canton fixe ensuite librement les modalités de l'évaluation des apprentissages. Neuchâtel l'a fait et les divers arrêtés utilisés actuellement ne sont pas si vieux, puisqu'ils ont été édités en 2014 et 2015. La forme que doit prendre l'évaluation des élèves (documents, recueils de traces, volume et temporalité des communications) et le fond (objectifs, commentaires, utilisation de codes, de notes, de moyennes) ont été négociés au préalable avec les partenaires concernés (communes, directions, syndicats, parents) avant d'être fixés pour toutes les écoles du canton. N'oublions pas que la communication des résultats scolaires aux parents est un sujet hautement sensible et politique. A manipuler avec prudence, donc !

Or, actuellement, le SAEN constate avec àtonnement un certain nombre de dérives. Des directives régionales voient le jour dans certains centre scolaires. Des décisions semblent se prendre dans des groupes restreints, apparemment sans concertation cantonale.. Nous ne pouvons pas cacher une assez vive inquiétude...

La tâche de définir quelles sont les modalités futures de l'évaluation dans notre canton revient au "Comitéde Pilotage évaluation du SEO". C'est son rôle. Le SAEN y participe avec enthousiaste. Les diverses propositions y sont dûment discutées et négociées, avant d'être avalisées par le DFDS. L'évaluation au cycle 3 est d'ailleurs en ce moment-même au centre des débats de ce CoPil. Nous suivons ceci de près et ne manqurons pas de vous en informer en temps voulu. Ce processus prend du temps, mais il est néanmoisn indispensable. Nous avons l'obligation d'avancer en bonne harmonie, tous ensemble. Sinon, la situation pourrait devenir conflictuelle. Le SAEN ne peut ainsi envisager un possible éclatement des directives cantonales au profit d'initiatives propres à chaque centre scolaire.

Peut-être serait-il utile de rappeler un passé pas si lointain où l'on évaluait beaucoup moins les élèves et où ils ne se portaient pas plus mal. Doit-on vraiment faire de l'évaluation un monstre compliqué et chronophage ? Ne devrait-on pas simplifier au maximum les directives, pour préserver le besoin de liberté pédagogique des enseignant·es, et la possibilité d'apprendre à son rythme de chaque élève ? Depuis quand, en vertu de quoi, une évaluation à tout crin et omniprésente favoriserait-elle les apprentissages ?

Le SAEN serait choqué qu'EDASCOL abutisse à un florilège de directives, consignes et recommandations en tous genres. Au contraire, nous nous réjouissons d'une école qui évalue moins, mais mieux, par petites touches, en respectant des temps différents selon les élèves, sans pressions inutiles. C'est beaucoup plus difficile à imaginer, et surtout à réaliser. Mais est-ce un prétexte pour y renoncer ? Surout pas ! Votre cominté cantonal et vos délégué·es au CoPil évaluation se réjouissent d'accueillir vos impressions à ce sujet.