Questions choisies à Brigitte Hofmann
Qui sont ces femmes, ces hommes qui s’engagent dans vos associations professionnelles et pour le Syndicat des enseignant·es romand·es? Faisons connaissance en quelques questions-réponses…
Brigitte Hofmann
Moi, c’est Brigitte, Brit pour les intimes. Je suis née, il y a 56 ans, dans la little big town comme nous l’appelons affectueusement: Zurich. Venue à Neuchâtel après le gymnase pour améliorer mon français (chose lisiblement faite), je n’ai jamais réussi à en repartir.
Après mes trois années d’École normale, j’ai décroché mon premier poste aux Bayards. C’était comme dans les Ch’tis, on chiale deux fois: quand on y arrive et quand on repart. Après quelques années en solitaire dans mon collège isolé, je me suis inscrite au SAEN qui avait à l’époque une antenne au Val-de-Travers. Le contact avec mes semblables m’a énormément rassurée, je me sentais enfin moins seule avec mes questionnements.
De fil en aiguille, je suis devenue présidente de l’antenne, puis, en faisant le lien avec le comité cantonal, membre de celui-ci pour en assurer la vice-présidence durant quelques années. Actuellement, je fais toujours partie du CC, j’enseigne en immersion dans le programme PRIMA à Neuchâtel et j’adore ça!
Quel a été votre premier choix de métier et qu’est-ce qui vous a fait bifurquer?
Après une première année en terres neuchâteloises durant laquelle j’ai travaillé dans un home médicalisé, je m’étais inscrite à l’uni pour y étudier l’allemand, l’anglais et les sciences de l’éducation. Le but était déjà d’enseigner, mais au lycée. Toutefois, l’obligation d’apprendre le latin (depuis quand l’allemand et l’anglais sont-elles des langues latines?) a eu raison de ma motivation. Un travail sur l’École normale dans le cadre des sciences de l’éducation a fait dévier ma carrière vers l’enseignement primaire. Est-ce que je regrette? Le pré d’à côté semble toujours plus vert, mais les échanges avec les collègues du tertiaire me font dire que le mien est très bien tout compte fait.
Une formation continue que vous vous réjouissez de suivre?
Assurément le CAS enseignement bilingue que j’espère pouvoir commencer en début 2025! L’enseignement en immersion est passionnant et apporte tellement plus que ce qu’on pratique traditionnellement dans nos classes. J’adore écouter mes élèves s’amuser avec la langue, la comparer au français ou à d’autres langues parlées dans la classe et comprendre avec eux comment elles fonctionnent. L’allemand est une langue magnifique et pourtant si mal aimée. Nos méthodes d’enseignement y seraient-elles pour quelque chose?
Que faudrait-il, selon vous, savoir et savoir-faire en priorité en sortant de l’école?
Vivre! Il me semble parfois qu’on a perdu l’objectif premier de l’école: préparer à la vie. À quoi bon entrainer la division en colonne durant des lustres? Pourquoi autant insister sur l’apprentissage de l’orthographe des mots alors que nous avons des outils à disposition pour nous aider à rédiger un texte sans fautes. Toutes les réformes de ces dernières années ne sont à mes yeux que des évolutions d’un système basé sur les besoins d’une autre époque. Il est grand temps de se questionner sur les besoins des futur·es citoyen·nes en tenant compte des nouveaux outils à leur disposition.
Si vous pouviez supprimer une chose de l’École, ce serait…?
Les notes assurément. Je vois le changement d’attitude de mes élèves qui ont des codes en 7e et des notes en 8e. Mais j’entends aussi mes collègues du secondaire qui craignent un relâchement avec la disparition des notes. Si ça se fait, il faudra y réfléchir en profondeur avec les personnes concernées et accorder le temps et les moyens financiers nécessaires pour évoluer dans ce sens.
Une cause qui vous tient à cœur? Pourquoi?
En dehors des causes syndicales, c’est l’égalité que je souhaite voir évoluer. J’ai du mal avec les licornes pour les filles et les voitures pour les garçons. L’impact négatif sur la vie d’adulte est considérable et touche à tous les domaines. Malheureusement, il me semble que les choses n’évoluent que très lentement et pas toujours dans le bon sens selon la région du monde qu’on habite.
Une citation qui vous inspire?
Always look on the bright side of life! (Monty Python)
La dernière blague qui vous a fait rire?
Je vous propose de regarder cette vidéo sur l’orthographe, à ne pas montrer aux élèves: