, Myriam Facchinetti

MAÉ : Mon Aptitude à Évoluer (et à collaborer intelligemment)

Le projet MAÉ(1) a été lancé en 2024 à Neuchâtel. Sa phase pilote dans les collèges du Crêt-du-Chêne et de Serrières durera jusqu’en juin 2027.

Le projet MAÉ1 a été lancé en 2024 à Neuchâtel. Sa phase pilote dans les collèges du Crêt-du-Chêne et de Serrières durera jusqu’en juin 2027. Ce programme pionnier est né d’une volonté politique de promouvoir l’égalité des chances des enfants, de faciliter l'organisation de la vie familiale et de permettre la conciliation entre vie professionnelle et vie familiale.

Plusieurs collèges sont d’ores et déjà pressentis pour poursuivre l’implantation du projet et les équipes pédagogiques et parascolaires se concertent déjà pour mettre en place un système homogène, dans lequel les enfants seront bénéficiaires d’une infrastructure bienveillante, totalement dédiée à un encadrement serein et réfléchi.

Le projet est soutenu par le SAEN et totalement en accord avec son temps : les familles d’aujourd’hui doivent pouvoir travailler sans contraintes de garde d’enfant afin de faire bouillir la marmite et payer les lourdes charges du ménage qui ne cessent d’enfler.
Il est impératif d’inclure dans le projet les enseignant·es qui verront leurs habitudes changer, ainsi que de favoriser la collaboration avec les structures parascolaires.


D’un point de vue totalement subjectif, j’accueille avec plaisir le fait de pouvoir réfléchir en commun à des espaces de vie dans les collèges, pour apprendre, manger, faire ses devoirs ou d’autres activités durant la journée. Je suis même clairement partie prenante, avec toute ma bonne volonté, soucieuse de tisser des liens plus étroits avec les éducateurs·trices du parascolaire qui, finalement, sans faire exactement le même métier que moi, ont des contacts avec les mêmes enfants, les mêmes familles et mettent souvent en lumières les mêmes observations et remédiations.

Mais force est de constater que la réalité du terrain n’est pas la même que celle des bureaux qui administrent toute cette belle partition.
Il n’est par exemple pas (encore) possible de mettre en place des séances dans des créneaux horaires qui conviennent à tout le monde. Idéales pour le parascolaire durant les heures d’école (pas ou peu d’enfants dans la structure), mais impossibles pour les enseignant·es. Idéales pour les enseignant·es dès 19h00 (comme pour les entretiens avec les parents), mais impossibles pour le parascolaire car en dehors de ses heures de travail .Idéales pour les enseignant·es entre 13h00 et 13h45, mais impossibles pour le parascolaire en charge des enfants pour le repas.
Bref, comme un petit air de déjà vu… On veut, mais on ne peut pas.
Certaines directions ont accordé un·e civiliste pour que les enseignant·es puissent participer à une séance en milieu de matinée. Mais c’est arrivé une seule fois. La deuxième demande a été refusée. Du côté du parascolaire, impossible d’obtenir quelque chose d’équivalent.

Un autre exemple montre que les deux structures (école et parascolaire) – et surtout les autorités qui les dirigent – doivent impérativement réfléchir à une collaboration étudiée, pour qu’elle puisse se faire dans les deux sens :
Dans une classe de tous petits (30 élèves pour deux enseignantes, dont deux élèves au bénéfice de protocoles de santé très importants), il apparaissait nécessaire de prendre un·e  accompagnant·e pour le camp vert de deux jours, qui plus est quelqu’un qui connaît les élèves et ce type d’encadrement (la fille de ta voisine est capable de te suivre en camp, mais ne connaît rien aux élèves, encore moins à la pédagogie, et probablement pas aux divers protocoles de santé…).
Idée : prendre une personne du parascolaire, qui de toute évidence, connaît les élèves comme sa poche, suit les mêmes protocoles de santé, sait parfaitement encadrer ces enfants et se retrouvera sans emploi pendant deux jours puisque les élèves seront en camp… Idée de génie, non ? L’école et le parascolaire main dans la main dans le projet d’accompagnement des élèves, en collaboration étroite et difficilement plus adéquate !
Eh bien non… Impossible… L’éducateur du parascolaire, qui souhaitait être volontaire par conviction, emballé par la parfaite symbiose des deux systèmes, n’a pas obtenu l’autorisation de le faire. Ou plutôt si : autorisé, mais sans être payé…
Oui, vous avez bien lu…
Impossible également de mettre son salaire sur le budget du camp au niveau de l’école (ce qui pourrait être fait), car le montant est beaucoup trop élevé.

Grande déception… et ce sentiment amer que toute la mise en place de MAÉ n’est finalement que poudre aux yeux et que l’argent est encore, toujours, le nerf de la guerre, malgré toutes les bonnes intentions.
Les idées ne manquent pas, ni du coté des enseignant·es, ni de celui des éducateurs·trices du parascolaire. Les besoins familiaux sont réels. MAÉ a sa place dans notre école. Mettons toutes les forces vives du même côté afin que le centre des préoccupations puisse toujours être un enfant encadré, stimulé, protégé et épanoui !

(1) Ma journée à l’école/Mes apprentissages à l’école/Midi à l’école/Mes activités à l’école. Source :  site de la Ville de Neuchâtel – concept MAÉ