, Myriam Facchinetti

Témoignage : une scolarité dans la souffrance

À l'écoute du dépanneur...

Dans le courant du mois de novembre, je dois faire appel à un service de dépannage pour ma voiture.
Le dépanneur doit changer ma batterie, et l’intervention dure plus longtemps que prévu. Alors forcément, on discute…

Cet homme d’une trentaine d’années à peine, apprend alors que je suis enseignante, comme sa mère. Il me plaint : il salue le courage des enseignant-es aujourd’hui, pour faire face aux situations d’intégration (« d’école pour tous ») à tout prix, sans donner plus de moyens financiers, ni sans tenir compte de la souffrance de certains enfants.

J’écoute alors attentivement ce jeune homme me parler de son parcours scolaire très chaotique.

Victime de « dys » multiples, il a vécu ses premières années de scolarité obligatoire comme un calvaire, balancé entre enseignant-es parfois incapables de reconnaître ses troubles, de différencier leur enseignement, et un système d’assurance invalidité qui lui refusait financièrement l’accès à une école spécialisée, probablement capable de le mettre en situation de réussite avec d’autres outils et d’autres moyens budgétaires.

Ses parents ont fini par le sortir du cursus public et ont financé personnellement une école privée spécialisée d’un autre canton.

Il a alors repris goût à l’école, a même appris des choses qui lui étaient inconnues auparavant. Il a ainsi pu faire un apprentissage, certifié avec les meilleures notes de sa volée.

Et il est heureux : heureux d’être sorti grâce à ses parents d’un système scolaire inadéquat, dans lequel les enseignant-es (et les élèves) souffrent parfois, tant iels sont démuni-es, parce qu’iels ne sont pas formés pour certains types de troubles.

Je pense qu’accorder le droit à l’intégration à chaque enfant est primordial. Mais reconnaître les limites de certaines intégrations dans nos classes régulières est encore plus fondamental.